Manitas de Plata au théâtre antique d’Arles, le 14 août 2006. Photo P. Mercier, ville d’Arles
Manitas de Plata, le grand guitariste de flamenco, s’est éteint à Montpellier, dans la nuit du 4 au 5 novembre, a-t-on appris aujourd’hui. Ce guitariste de génie, qui fut longtemps l’artiste européen le plus connu à l’étranger et qui a vendu près de 100 millions de disques, était né dans une roulotte à Sète dans l’Hérault. Mais c’est avec trois Arlésiens et à Arles que sa carrière a pris le chemin qui l’a mené dans les plus grandes salles de concert du monde entier.
Manitas de Plata avait, parmi ses cousins, José Reyes, l’une des plus grandes voix du flamenco. Ensemble, ils jouent et enregistrent leur premier disque aux Saintes-Maries de la Mer en 1955. C’est ensemble, encore, avec le groupe Los Baliardos qu’ils parcourront le monde et joueront pour la première fois au Carnegie Hall de New-York en 1965.
En 2009, Manitas de Plata retrouve Lucien Clergue pour une exposition de Lucien Clergue consacrée à Jose Reyes à l’Archevêché. photo Patrick Mercier.
Mais cette aventure a pu commencer grâce à Lucien Clergue. Le photographe arlésien découvre le guitariste lors d’un reportage aux Saintes-Maries de la Mer. Il est conquis : « la première fois que je l’ai entendu jouer rester le plus beau souvenir que j’ai de de Manitas » nous confie-t-il aujourd’hui. C’est lui qui mettra tout en oeuvre pour convaincre Ricardo Baliardo (le vrai nom de Manitas de Plata) d’entreprendre une carrière internationale. Mais le guitariste refuse longtemps de se déplacer pour enregistrer un disque. Une équipe américaine finit par se rendre à Arles et c’est à la chapelle de la Charité, attenante à l’hôtel Jules César, que Manitas de Plata enregistre son deuxième disque en 1965. Devant le succès rencontré par cet album aux Etats-Unis, il finit par se laisser convaincre et c’est Lucien Clergue qui l’emmène jouer pour la première fois à New-York en 1965. Lucien Clergue, happé par son travail de photographe, laissera ensuite à l’un de ses amis d’enfance André Bernard, le troisième Arlésien de l’histoire, le soin de gérer la carrière de Manitas. Celui-ci fut son manager de 1965 à 1983 et l’organisateur de fêtes grandioses, comme celle donnée notamment par Manitas et ses guitaristes chez Charlie Chaplin en Suisse. Ce succès énorme n’avait pourtant pas fait oublier au guitariste la ville de ses premiers succès et en 2006, il se produisait encore au théâtre antique d’Arles.