
L’ouvrage publié par les éditions du Seuil (dont la sortie est prévue aujourd’hui) reprend 65 dessins issus de ce carnet découvert récemment. photo éditions du Seuil.
Le carnet de dessins inédits de Van Gogh, présenté par les éditions du Seuil, serait-il un faux ? C’est ce qu’avance le Van Gogh Museum d’Amsterdam. A Arles, Bice Curiger, directrice artistique de la Fondation Van Gogh-Arles, se garde bien de prendre position, d’autant précise-t-elle, qu’elle n’a pas vu ce carnet. Mais elle estime qu’il serait utile que les experts auteurs du livre publié au Seuil soient plus précis dans leur argumentation.
Le 15 novembre, les éditions du Seuil dévoilent, lors d’une conférence de presse, l’existence d’un carnet de dessins inédits de Van Gogh, retrouvé il y a quelques années à peine. La maison d’édition annonce en même temps la publication d’un ouvrage présentant les 65 dessins issus de ce carnet, qui auraient tous été réalisés alors que le peintre séjournait à Arles et à Saint-Rémy de Provence. « Vincent Van Gogh – le brouillard d’Arles – carnet retrouvé » comprend des textes de Bogomila Welsh-Ovcharov, l’une des grands spécialistes mondiaux du peintre hollandais, qui a consacré plusieurs années à expertiser les dessins avant la publication, et une préface de Ronald Pickvance, autre spécialiste de l’oeuvre de Van Gogh.
Or le Van Gogh Museum à Amsterdam conteste l’authenticité de ce carnet. Et, dans un communiqué du 15 novembre 2016, avance des arguments très précis. Ceux-ci sont d’abord d’ordre techniques (l’encre utilisée, le style des dessins, des erreurs de topographie). Le Van Gogh Museum s’interroge également sur la façon dont le carnet est réapparu après 120 ans dans l’ombre, alors qu’il aurait été donné aux époux Ginoux, les propriétaires du café de la Gare, où Van Gogh se rendait fréquemment.

Bice Curiger, directrice artistique de la fondation Vincent Van Gogh-Arles lors de la présentation de l’exposition Urs Fischer à la fondation. photo O. Quérette/ektadoc/ville d’Arles.
A la fondation Vincent Van Gogh-Arles, qui organise depuis son ouverture en 2014 des expositions d’oeuvres de Van Gogh prêtées par le Van Gogh Museum d’Amsterdam, Bice Curiger se montre prudente : « Les experts Bogomila Welsh-Ovcharov et Ronald Pickvance sont reconnus pour leur travail de commissaire et d’auteur – Bogomila Welsh a notamment été l’un des commisaires de l’exposition Van Gogh à Paris, présentée en 1988 au musée d’Orsay. De son côté, le Van Gogh Museum dispose de tout le matériel pour appuyer son analyse. Il possède 500 dessins de Van Gogh et trois carnets d’esquisse, de nombreux tableaux pour comparer et juger détail par détail. L’énorme volume de la correspondance de Vincent permet également de connaître son emploi du temps presque au jour le jour. Je pense que Bogomila Welsh et Ronald Pickvance devraient répondre point par point aux arguments captivants du musée d’Amsterdam. L’histoire est donc loin d’être finie. »