Le peintre Domingo Zapata. Photo DR

Ses œuvres atteignent plusieurs centaines de milliers de dollars. Et les people se les arrachent, de Lady Gaga à Johnny Depp, en passant par Kim Kardashian, Adrian Brody, le parrain de son fils, ou Scarlett Johansson, son ancienne petite amie. Quand elles ne décorent pas les villas des stars, les peintures de Domingo Zapata s’affichent dans le hall du nouveau World Trade Center, à la Biennale de Venise, sur les murs de Miami, dans la cathédrale de Palma de Majorque ou sur les écrans XXL de Times Square. Le 8 septembre prochain, c’est sur la piste des arènes d’Arles que sera dévoilée une œuvre de l’artiste espagnol, à l’occasion de la prestigieuse corrida goyesque de la feria du Riz*. Un dessin haut en couleurs où toro, torero, fleurs et danseurs s’entrelacent, dans le plus pur style néo-expressioniste de Domingo Zapata.

Installé aux Etats-Unis depuis 20 ans, ce natif des Baléares y a conquis le surnom de « nouveau Andy Warhol ». C’est pourtant en tant que trader que Zapata avait débarqué à New-York. Jusqu’à ce qu’un jour, sa mère lui montre un dessin qu’il avait fait à l’âge de 8 ans. « En le voyant, j’ai su qu’il y avait un peintre en moi » raconte-il depuis son appartement de Manhattan. On le craignait inaccessible, abstrait, peut-être mégalo. On a conversé avec un homme simple, drôle, humble. Sa seule ambition ? « Que les gens soient contents quand ils voient mes tableaux ». Interview.

Comment est née cette collaboration avec les arènes d’Arles ?

Il y a quelques mois j’ai réalisé un tableau en m’inspirant du torero José Maria Manzanares, qui est un ami. Il a publié l’œuvre sur les réseaux sociaux  et Juan Bautista est tombé dessus. Il a alors demandé mes coordonnées à Manzanares et m’a appelé pour me présenter le projet. J’ai tout de suite accepté : c’est une telle chance de se voir proposer un support comme les arènes d’Arles, qui sont parmi les plus belles, les plus magiques du monde…

Vous avez déjà réalisé des œuvres pour des arènes ou des ferias ?

Il y a quelques années j’avais dessiné l’affiche de la feria d’Albacete et cela m’avait beaucoup plu. Même si ça fait 20 ans que j’habite à New York, je suis toujours aussi fasciné par la culture tauromachique, le toro, les costumes, la musique, les couleurs, la liturgie de la corrida…

D’où vient votre passion pour la tauromachie ?

Mon père était Guardia civil (l’équivalent espagnol des gendarmes, Ndlr) et dans le cadre de son travail il devait être présent aux corridas qui se déroulaient dans les arènes de Palma de Majorque. Avec mon frère, on l’accompagnait toujours. Je suis donc tombé amoureux de la corrida quand j’étais tout petit, et c’est certainement pour cela qu’aujourd’hui, je représente le toro comme le dessinerait un enfant.

La Joconde façon Zapata apparaîtra sur les burladeros des arènes. DR

Et c’est ainsi qu’il devrait apparaître sur la piste des arènes d’Arles, le 8 septembre. Qu’est-ce qui a inspiré votre travail ?

J’ai voulu combiner les danses peintes par Matisse avec des choses plus picassiennes. C’est un hommage à la culture française, à la lumière de ce pays qu’on aime tant. Mona Lisa, qui apparaîtra habillée en costume de torero sur les burladeros, exprime aussi cette beauté.

La tauromachie subit beaucoup d’attaques actuellement en France comme en Espagne. Il faut du courage pour la défendre publiquement…

Non. Il faut du courage pour affronter la faim, la solitude, le chômage, pas pour défendre une coutume historique qui – contrairement à ce que pensent beaucoup de gens- va bien au-delà du fait de tuer un toro.

 

* « La Goyesque d’Arles », samedi 8 septembre à 17h avec à l’affiche les matadors Juan Bautista, Sébastien Castella et José Maria Manazares. Infos et réservations pour la feria du Riz sur arenes-arles.com

 

 

 

 

La décoration imaginée par Zapata pour la piste des arènes. DR