
Enfants et adultes viennent chercher la même chose à Beauduc : la liberté. Photo Jan Dyver / Ville d’Arles
Beauduc est une exception qui se mérite. Depuis Arles, il faut rouler jusqu’aux portes de Salin-de-Giraud, suivre le chemin communal de la Bélugue, passer un portique interdisant le passage aux véhicules trop larges, puis se lancer dans le slalom caillouteux imposé par la digue à la mer. Au bout apparaît la récompense : du sable et de l’eau à perte de vue. Une bouffée d’exotisme, à une heure du centre-ville d’Arles. Cet été, le site est plus sauvage que jamais, les caravanes des plaisanciers étant désormais maintenues à 300 mètres du rivage. En vertu de l’application de la loi Littoral – et à l’exception du hameau du sablon – les cabanons et les camping-cars ont disparu. Seules les caravanes des membres des associations historiques d’usagers ont été autorisées par le Conservatoire du Littoral et le Parc de Camargue à entrer sur le site en début de saison. Tous les autres véhicules qui franchissent le gabarit ont l’obligation de s’arrêter au niveau du parking.

Pour fêter ses 30 ans, l’association des plaisanciers organisait un tournoi de pétanque et une soirée festive. Photo Jan Dyver / Ville d’Arles
« On est de moins en moins nombreux, mais l’esprit de Beauduc est toujours là » sourit Frédéric Clary, président de l’Association de sauvegarde du patrimoine de Beauduc. Ce samedi 4 août, il participe au tournoi de boules organisé pour les 30 ans de l’autre association, celle des plaisanciers. Sous le chapiteau dressé pour l’occasion, on trinque au bon souvenir de Michèle Nicolas, l’historique secrétaire de l’association disparue récemment, ou de « L’Indien », le plus célèbre habitant de Beauduc, aujourd’hui installé à Madagascar. On raconte aussi le « coup de mer » de 1985, qui a abouti trois ans plus tard à la création de l’association « pour défendre les droits des campeurs à venir ici ». Si son président Jean-Claude Falaschi regrette de voir les caravanes de plus en plus confinées, il reste un inconditionnel de Beauduc, dont il est tombé amoureux il y a plus de 60 ans. « On vient y chercher la liberté et la convivialité, explique-t-il. Ce qui nous intéresse, c’est juste d’être ensemble, faire l’apéro, pêcher, et faire une petite fête de temps en temps ».

Environ 200 caravanes ont encore accès à la plage. Photo Ville d’Arles
Ici, pas de courant, pas de restaurant, pas la moindre échoppe. Beauduc est l’antithèse de la société de consommation. « Le temps s’arrête, on revient à l’essentiel » savoure une bande de trentenaires niçois, fidèles à Beauduc depuis plus d’une décennie. Les restrictions des conditions d’accès à la plage ont relégué leur campement sur le parking. « On a été surpris en arrivant, mais on s’y est déjà fait. Beauduc reste un endroit magique » glisse l’un d’entre eux. « Franchement, c’est un mal pour un bien, enchaîne un autre campeur. La nature reprend ses droits. D’ailleurs, pour la première fois, j’ai vu plein de libellules sur la plage. » Rémy, un Arlésien qui fut longtemps serveur dans l’ancien restaurant beauducois « Chez Juju », n’était plus venu depuis 10 ans. « D’un côté, ça fait un choc de voir à quel point ça a changé. De l’autre, la plage est plus belle, témoigne-t-il en regardant les kite-surf voler au dessus du secteur de la comtesse. Avant, le week-end, il y avait tellement de monde qu’on ne voyait même plus la mer. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus calme, mais on sent que ça vit encore. L’essentiel est là : Beauduc n’a pas perdu son âme ».
Les photos des 30 ans de l’association des plaisanciers de Beauduc sont à voir ici.
Retrouvez toutes les infos pratiques sur les conditions d’accès, la pratique du kite et de la pêche sur le site de la Ville d’Arles.