Le site des Alyscamps a fait l’objet d’une étude approfondie, sous la direction de l’architecte spécialisé en restauration du patrimoine Renzo Wieder. L’objectif : définir un plan de gestion de ce site atypique.


L’allée des Alyscamps a notamment inspiré les peintres Van Gogh et Gauguin. photo O. Quérette/ektadoc/ville d’Arles.

C’est indéniable : il se dégage de ce lieu une poésie, une atmosphère particulière, empreinte de romantisme, qui tient sans doute à la cohabitation harmonieuse de plusieurs éléments. En effet, aux Alyscamps, on trouve près de 400 sarcophages, vestiges d’une nécropole qui remonte à l’Empire romain puis s’est poursuivie jusqu’au Moyen-Âge; mais aussi l’église Saint-Honorat, édifiée au XIème siècle, la chapelle funéraire de la famille des Porcelet, édifiée au XVIe siècle, ainsi que le monument érigé au XVIIIe siècle en l’honneur des édiles municipaux morts lors de la peste de 1721. L’ensemble est organisé autour d’une majestueuse allée plantée de peupliers, aménagée par les religieux Minimes au XVIIIe siècle.

David Kirchthaler, directeur du Patrimoine de la Ville, retrace l’histoire du site, notamment grâce à des photos et gravures qui permettent de mesurer son évolution au fil des siècles. photo R. Boutillier/ville d’Arles.

Tous ces éléments ont fait l’objet d’une étude approfondie, présentée le 31 janvier 2019 en salle d’honneur de l’Hôtel de Ville d’Arles, par le maire d’Arles, Hervé Schiavetti, son adjoint délégué au Patrimoine, Christian Mourisard et le directeur du Patrimoine de la Ville, David Kirchthaler. Cet inventaire -inédit- permettra de définir un plan de gestion du site, adapté à sa nature atypique. Comme l’a précisé Christian Mourisard, ce schéma directeur s’inscrira dans le plan de gestion des huit monuments classés au Patrimoine mondial par l’Unesco, que doit présenter bientôt la Ville.

Depuis le sol jusqu’aux différents éléments de végétation, en passant par les vestiges et les éléments architecturaux, chaque élément a été passé au crible par une équipe pluridisciplinaire, dirigée par l’architecte spécialisé dans la restauration du patrimoine, Renzo Wieder. Intéressant au titre de l’architecture, il l’est aussi par sa végétation : il compte notamment un Oranger des osages. Cette espèce originaire d’Amérique du Nord, a été importée en France au début du XIXème siècle.

« Il en ressort, a précisé David Kirchtaler, que ce site n’a cessé d’évoluer. Lieu de sépulture, de culte, de promenade, les hommes l’ont aménagé, pillé, végétalisé. Il se protège aussi des intrusions de la modernité : le percement du canal de Craponne, l’installation des Ateliers de la SNCF, leur aménagement aujourd’hui en lieu à vocation culturelle. Même les peupliers de l’allée ont été renouvelés plusieurs fois depuis leur plantation, en 1906 puis après-guerre. »

Une histoire riche en rebondissements qui impose aujourd’hui de prévoir des opérations d’entretien ciblées plutôt qu’une restauration générale : « ce serait contre nature, poursuit David Kirchthaler. Toute action qui viserait à aseptiser ce lieu serait un échec, elle gommerait ce qui en fait l’esprit. »