
« Ils ont en commun la vitesse et l’aplomb » soulignait Bice Curiger, la directrice artistique de la Fondation Vincent van Gogh Arles en présentant la nouvelle grande exposition consacrée à Van Gogh et Pirosmani, vendredi 1er mars. Par cette formule extraite d’une lettre du maître hollandais, elle évoquait la force du langage visuel caractéristique de ces deux artistes contemporains l’un de l’autre mais qui ne se connaissaient pas.

Encore une fois, fidèle à sa tradition, l’institution culturelle nous fait découvrir des chefs-d’oeuvre, dont L’Arlésienne (Madame Ginoux), de l’auteur des Tournesols, et nous réserve quelques très belles surprises, notamment avec la rétrospective Pirosmani, un ou plutôt le peintre géorgien. Son oeuvre est considérée comme un trésor national, rappelaient le ministre de la culture de l’Etat de Géorgie et le directeur du Musée des beaux-arts de Tbilissi, présents lors de l’inauguration. Ses tableaux, qui sortent rarement de leur écrin, et qui étaient à l’origine accrochés à des murs de tavernes sombres, reposent à la Fondation sur une éclatante palette de couleurs. La vie rurale dans l’Europe de l’Est, le bestiaire, les personnages eux aussi hauts en couleurs dépeints semblent tout droit venus d’un livre de fables. Pirosmani, chantre de la luminosité, qui passe pour un peintre naïf, était un autodidacte, un poète vagabond, également un chroniqueur de son temps. « C’est un miracle si ses toiles n’ont pas été détruites par les guerres », ajoutait Bice Curiger.
Avant-gardiste, le Géorgien n’a pas laissé insensible Picasso qui a réalisé en 1972 le Portrait imaginaire de Pirosmanachvili, exposé ici. La richesse de l’exposition tient aussi au fait d’avoir donné carte blanche à des noms de la scène artistique actuelle – Tadao Ando, Raphaela Vogel… – qui lui rendent hommage à travers des installations étonnantes, inspirées par des légendes gravitant autour de cet homme à la personnalité attachante.
Expositions « Vincent Van Gogh : Vitesse & Aplomb », et « Niko Pirosmani. Promeneur entre les mondes » , à la Fondation Vincent van Gogh Arles, jusqu’au 30 juin 2019. Tél. 04 90 93 08 08 – www.fondation-vincentvangogh-arles.org