Idole des arènes au début des années 1990, Chamaco revient en piste ce dimanche 21 avril à 16h30 dans les arènes d’Arles, 20 ans après son dernier paseo. Portrait d’un torero hors normes.

Antonio Borrero n’aurait jamais dû devenir torero. Son père, vedette des années 50, l’avait envoyé faire ses études en Angleterre pour éviter qu’il n’attrape le virus. Mais le fiston est revenu en Andalousie tel un boomerang, à Noël 88 : « Moi aussi, je serai torero ». Le patriarche sort alors son plan B : il lui jette une cape et le met devant un toro format XXL. Le jeune homme voltige sur les cornes plusieurs fois mais revient à la charge sans sourciller. Chamaco était né. Dès l’année suivante, il fait son premier paseo et coupe trois oreilles et une queue. Et en février 90, son talent éclate sous la bulle des arènes de Nîmes. Il a 17 ans. La France découvre ses cheveux en bataille, son charisme fou, son style kamikaze et son courage hors norme. « C’est un surdoué, un martien ! » crie au génie l’impresario Simon Casas. « Quand je suis allé au restaurant le soir de la corrida, toute la salle s’est levée pour m’applaudir, et le lendemain, il y avait des affiches de moi dans toute la ville » se souvient Chamaco. Presque 30 ans plus tard, les témoins du spectacle en frissonnent encore. Le dessinateur et aficionado Eddie Pons est de ceux-là. Avec quelques complices, il avait rebaptisé informellement une rue de Nîmes à son nom, devant une foule de fans et en présence du torero.
Antonio Borrero « Chamaco »
« Mon but, ce ne sera pas de couper des oreilles, ce sera que le public vibre. Je ne le décevrai pas, parce que je m’appelle Chamaco. »
« Il était drôle, très spontané, assez rock’n’roll, comme dans l’arène finalement. Il nous rappelait El Cordobes » raconte aujourd’hui Eddie Pons. La « Chamacomania » a ensuite gagné Arles, où le novillero coupait des oreilles par wagons. Mais, après une alternative triomphale avec un costume signé Christian Lacroix sur les épaules, Chamaco disparaît peu à peu des radars. Puis prend sa retraite, en 1999. Il se consacre alors à la production d’huile d’olive, ne touche plus une cape, n’assiste à aucune corrida, et se jure de ne jamais replonger. « Beaucoup de directeurs d’arènes ont essayé de me faire revenir, mais j’ai toujours refusé. Pour trahir la promesse que je m’étais faite, il fallait un projet dans lequel j’avais envie de m’investir, et Jean-Baptiste Jalabert a su me le proposer. L’alignement des planètes était parfait » confie Chamaco. 20 ans après son dernier paseo, il remettra donc l’habit de lumières le 21 avril, pour une corrida qui constitue déjà un événement majeur de la saison taurine. « Mon but, ce ne sera pas de couper des oreilles, ce sera que le public vibre, prévient le torero. Je ne le décevrai pas, parce que je m’appelle Chamaco. »
Samedi 21 avril à 16h30 dans les arènes d’Arles, 6 toros de Garcigrande pour Chamaco, Sébastien Castella et Miguel Angel Perera. Infos et réservation ici.