
Certains ont pris la pose, d’autres, comme une femme poussant un chariot dans une mine, ont été saisis par l’objectif du photographe dans le vif de l’action. Tout un petit peuple de travailleurs du XIXe siècle et du début du XXe, immortalisé grâce à la technologie, anime … et labora, la nouvelle exposition de la Fondation Vincent van Gogh Arles, ouverte depuis le 16 novembre dernier. La centaine des exceptionnels clichés en noir et blanc, parfois sépia, provient de la collection Ruth et Peter Herzog qui en contient 600 000 conservés dans des institutions bâloises et au musée national de Zurich. Lors de l’ouverture de … et labora Peter Herzog accompagnait Bice Curiger, directrice de la Fondation et commissaire de l’exposition. Immersion immédiate dans un monde que n’aurait pas renié Van Gogh, obsédé par le travail, s’identifiant à un ouvrier pendant l’explosion industrielle de Londres, peignant à Arles Le semeur (exposé durant l’été 2019 à la Fondation). En même temps qu’elles témoignent de l’avènement de la photographie, ces images, réalisées par des anonymes (entre autres des propriétaires de firmes) et des reporters de l’époque (Léon Leponce, Lewis Hine…) livrent une multitude de « petits » métiers – mannequins vivants dans une boutique de mode, nurses… – ou rappellent le travail des enfants. Bice Curiger invite à s’emparer de ces petits formats avec l’oeil curieux et sensible d’une personne feuilletant un album de famille, un album racontant des traces de l’humanité, au même titre que les ex-voto provençaux, prêtés par le Museon arlaten et le Mucem.

Le réalisme de ce passé dialogue ici avec une vision artistique contemporaine du travail qui n’en demeure pas moins critique. Films, tableaux, installations géantes et surprenantes d’artistes actuels côtoient la femme poussant un chariot dans une mine, « une photo plus rare qu’un tableau de Léonard de Vinci » souligne Peter Herzog.
… et labora à voir jusqu’au 13 avril 2020. www.fondation-vincentvangogh-arles.org
Le reportage photo est à voir ici