Les amoureux d’Arles le savent : on ne se lasse jamais de flâner dans ses rues, tant les façades offrent un prodigieux spectacle. Equilibre des proportions, élégance de l’architecture, richesse des détails… Arles recèle de nombreux hôtels particuliers, témoins d’un patrimoine architectural et historique souvent éclipsé par les vestiges romans et romains exceptionnels. L’historienne arlésienne Odile Caylux et le photographe Pascal Bois remettent dans la lumière ces demeures des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles dans l’ouvrage « Les hôtels particuliers d’Arles ». « C’est le deuxième d’une série lancée par les éditions Picard, qui après Dijon, m’ont sollicité pour Arles, raconte Odile Caylux. Mais c’est un sujet que j’avais déjà un peu creusé. » De son côté, le photographe travaille également régulièrement sur le patrimoine, en collaboration avec des entreprises de restauration notamment.

Trois ans de travail. Odile Caylux s’est donc plongée dans « Les rues d’Arles », un ouvrage savant de l’historien du XIXème siècle Emile Fassin, puis a approfondi ses recherches aux archives communales et départementales. « Je me suis également appuyée sur le recensement du bâti mené dans le cadre de la révision du Plan de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé. J’ai ainsi dressé une liste des demeures pour lesquelles je disposais d’informations et avec Pascal Bois, nous sommes partis sur le terrain. » Quarante-trois hôtels ont donc ainsi été répertoriés, étudiés, visités et photographiés.

Des merveilles derrière des façades austères. Très documenté, extrêmement précis, le livre permet de franchir des portes closes, découvrir des cours et des jardins intérieurs, des plafonds peints, des cheminées sculptées, des escaliers monumentaux habituellement cachés aux passants. Certains clichés, réalisés grâce à l’usage d’un drône, révèlent aussi des détails architecturaux invisibles à hauteur d’homme. Le livre dévoile également l’existence de quelques châteaux de Camargue, élégantes bâtisses, flanquées de tours pour certaines, qui ne se livrent pas si facilement à la curiosité des promeneurs. Car l’ouvrage est aussi prétexte à dresser le portrait de la société arlésienne aux XVIIème et XVIIIème siècles, jusqu’à la Révolution. « Ces hôtels appartenaient à de grands propriétaires terriens, qui tiraient leurs revenus de l’élevage et de l’agriculture, raconte Odile Caylux. Mais la Camargue, à cette époque, était plutôt inhospitalière, avec les moustiques, les fièvres… Ces grands familles préféraient résider en ville et faisaient édifier des demeures selon leurs goûts et les modes. Elles témoignent d’un beau savoir-faire, d’une recherche d’élégance et de décors intérieurs très soignés. C’était une société érudite, beaucoup de ces hôtels comportaient des cabinets de curiosité, de très belles bibliothèques.  » Il est juste qu’à leur tour, ils soient au coeur d’un « beau livre ».

Les hôtels particuliers d’Arles, éditions Picard, 234 p., 45 €.