
Elle devait arriver dans une ville qui frémit, à l’aube de la belle saison. Puis la voir plonger avec bonheur dans l’effervescence de sa feria. Mais la crise du Covid-19 en a voulu autrement, et Anne Valla a découvert Arles comme les Arlésiens eux-mêmes ne l’avaient jamais vue : figée – à l’image de tout le pays – par les mesures de confinement. Un drôle d’atterrissage, surtout lorsqu’on débarque tout juste de Mexico, la bouillante capitale aztèque et ses 20 millions d’habitants. « C’est frustrant, et en même temps très intéressant de prendre ses fonctions dans une période de crise » confie celle qui est depuis le 2 mars la nouvelle commissaire divisionnaire du district d’Arles, lequel comprend aussi les communes deTarascon et Beaucaire. Un retour aux affaires pour Anne Valla, qui après avoir exercé les mêmes fonctions en banlieue parisienne, puis au sein de l’IGPN et des Compagnies républicaines de sécurité (CRS), a donc fait une parenthèse de 3 ans au Mexique.
« Je n’ai pas travaillé dans la police, mais pour une Fondation de santé publique. Personnellement, c’était une super expérience. Ça fait du bien de voir autre chose, de prendre du recul. Et même professionnellement, je pense que cela a été bénéfique pour mon métier de policier » raconte cette femme affable, au verbe sûr et à l’humour évident. Mais on devine le fer sous le gant de velours. A 46 ans, elle se dit ravie de retrouver « le terrain, l’opérationnel, le lien avec les citoyens, les partenariats avec les acteurs locaux ». Le Sud aussi. Anne Valla est native d’Orthez, son mari de Nîmes. Elle brûle maintenant de découvrir Arles, dont elle ne connaît que les rues vides, dans ses habits de fête. « Dans le travail, j’aime la gestion de la foule », dit-elle. Arles lui offrira ses festivals et ses ferias, tout en préservant la proximité qu’elle recherche, grâce à une population et un commissariat à taille humaine.
Dès son arrivée, la nouvelle patronne de la police arlésienne y a réorganisé le travail, pour l’adapter aux contraires liées au virus. « Mettre cela en place a eu quelque chose d’exaltant, tout en me donnant le temps de découvrir en profondeur le service » positive-t-elle. La délinquance a chuté de façon « vertigineuse », et les contrôles d’attestations sont devenus la principale mission de la centaine de policiers arlésiens. « Les règles de confinement ont été très bien respectées par les habitants » note la commissaire. Le déconfinement ouvre un nouveau chapitre de la crise. « On a maintenant un rôle de prévention sur la distanciation sociale, de vigilance sur les regroupements de plus de dix personnes, et nos missions classiques reprennent peu à peu ». Preuve que la ville, doucement, recommence à frémir.